Guide pour un don efficace

Les donateurs ne devraient pas choisir les organisations caritatives en fonction de leurs frais administratifs, écrit Shruti Patel. Pour faire un don efficace, il faut se poser d'autres questions.

Le mois de décembre est la période des bonnes causes. A l'approche de No?l, beaucoup d'entre nous se souviennent de ceux qui sont moins privilégiés, et les lettres de collecte de fonds des organisations caritatives rencontrent des c?urs ouverts. Mais comment évaluer au mieux si une ?uvre de bienfaisance fait bon usage de notre don ?

Récemment, nous avons acheté à l'aiguille une Sondage sur l'opinion des Suisses à l'égard de la coopération mondiale, qui a montré que les donateurs se réfèrent souvent aux rapports annuels des organisations, les dépenses administratives étant celles qui influencent le plus la décision de faire un don.

Il est bon de faire le bien à bon compte : pour beaucoup, des dépenses administratives réduites sont considérées comme un label de qualité pour les organisations d'utilité publique. Cela génère une pression qui peut avoir des effets négatifs. (Image : bongkarn/AdobeStock) &nbsp ;
Est bon celui qui fait le bien à bon compte : de nombreuses personnes considèrent les faibles dépenses administratives comme un label de qualité pour les organisations d'utilité publique. Cela génère une pression qui peut avoir des effets négatifs. (Image : bongkarn/AdobeStock)

Nous savons en outre, gr?ce à des études scientifiques antérieures, que les images et les histoires de personnes dans le besoin font appel à nos propres émotions et augmentent les dons.1 Nous percevons les organisations allégées comme moins "dépensières", car davantage d'argent parvient aux personnes dans le besoin.2 Cette réflexion est cependant problématique à plusieurs titres.

"Un benchmark pour de faibles co?ts administratifs désavantage justement les ?uvres de bienfaisance qui se consacrent à des thèmes marginalisés et limite leur marge de man?uvre".Shruti Patel

D'une part, la pertinence fait défaut : une ?uvre d'entraide qui ne consacre que cinq pour cent de ses recettes à l'administration peut tout à fait être dépensière si le reste des fonds ne profite pas aux objectifs. De même, une ?uvre de bienfaisance dont les frais administratifs sont très élevés peut être très efficace. Par exemple, "Physicians for Human Rights" a re?u le prix Nobel de la paix en 1997 pour son travail visant à interdire les mines antipersonnel dans le monde entier. Leurs frais administratifs étaient élevés.

D'autre part, les frais administratifs sont parfois faibles uniquement parce qu'une ?uvre n'investit pas dans les collaborateurs, la formation ou l'infrastructure.

A cela s'ajoute le fait que celles qui s'occupent de thèmes populaires tels que le bien-être des enfants re?oivent, pour un même effort de collecte de fonds, plus de dons que les organisations qui s'occupent de problèmes de dépendance. Les frais administratifs de ces dernières seront donc plus élevés. Un benchmark pour des frais administratifs bas désavantage justement les institutions qui se consacrent à des thèmes marginalisés et limite leur marge de man?uvre.

Enfin, cette métrique dépend toujours d'une évaluation comptable. Une association d'aide aux sans-abri qui attire l'attention sur ses abris peut comptabiliser les dépenses comme une collecte de fonds ou comme des dépenses de programme.

En bref : il n'y a pas de lien entre l'administration et l'efficacité.

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Posons de meilleures questions

Nous pesons souvent le pour et le contre pendant des semaines avant de faire un achat important.3 Nous devrions investir le même temps avant de faire un don. Pour trouver les organisations les plus appropriées à cet effet, les trois questions suivantes sont pertinentes. Les réponses ne se trouvent pas toujours dans le rapport annuel ou sur le site Internet d'une ?uvre de bienfaisance. C'est pourquoi je recommande d'envoyer un e-mail aux organisations sans hésiter. Les organisations apprécieront (j'ai moi-même travaillé pour une ?uvre d'entraide suisse par le passé). N'hésitez donc pas à demander :

  1. Quels sont vos objectifs ? De nombreuses organisations ont de belles visions, mais toutes n'ont pas d'objectifs qui soient spécifiques et limités dans le temps. Des objectifs concrets indiquent une volonté d'assumer des responsabilités. Mais il ne s'agit pas ici de dire que les ?uvres de bienfaisance doivent constamment atteindre leurs objectifs.
  2. Qu'est-ce que vous apprenez ? Les ?uvres de bienfaisance ont pour objectif de relever les plus grands défis de notre époque, mais n'ont guère de marge de man?uvre pour les échecs. De nombreuses entreprises, comme Amazon par exemple, subissent des pertes pendant des années avant de devenir rentables. Nous devrions moins juger les ?uvres de bienfaisance sur les objectifs atteints, mais leur demander comment et ce qu'elles apprennent de leurs expériences. Mais cela ne suffit pas.
  3. Comment l'apprentissage influence-t-il vos activités ? Les organisations caritatives ont donc besoin de procédures efficaces pour mettre fin aux activités qui ne mènent pas à l'objectif souhaité, ainsi que pour tester de nouvelles idées et connaissances.

Certes, il est tentant d'utiliser un critère simple et facile à mesurer comme les co?ts administratifs. Mais en posant d'autres questions, nous ne trouvons pas seulement des organisations prometteuses pour nous - nous aidons aussi les ?uvres de bienfaisance à devenir plus efficaces. Et cela n'a rien à voir avec le montant des frais administratifs.

Références

1Metzger and Günther, "Is it what you say or how you say it ? The impact of aid effectiveness information and its framing on donation behavior" Journal of Behavioural and Experimental Economics (2019)

2Metzger et Günther, "Making an impact ? The relevance of information on aid effectiveness for charitable giving. A laboratory experiment" Journal of Development Economic 136 (2019)

3 Total Retail Survey Switzerland, PWC 2016

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