Un nouveau type de pansement arrête le saignement et ne colle pas

Des chercheurs de l'ETH Zurich et de l'Université nationale de Singapour ont développé un nouveau type de pansement qui a un effet hémostatique et n'adhère pas à la plaie. C'est la première fois que les scientifiques réunissent ces deux propriétés dans un même matériau.

Pansement pour plaies
Favorise la cicatrisation et se retire facilement par la suite : Le nouveau pansement avec un revêtement de silicone et de nanofibres de carbone. (Graphique : Li Z et al. Nature Communications 2019)

"En fait, ce n'est pas ce qui était prévu, mais c'est ainsi que la science fonctionne parfois : On commence à faire de la recherche sur une chose et on finit ailleurs", explique le professeur de l'ETH Dimos Poulikakos. En collaboration avec des scientifiques de son groupe de travail et de l'Université nationale de Singapour, il a testé différents matériaux superhydrophobes - c'est-à-dire des matériaux qui, comme le téflon, repoussent extrêmement bien les liquides comme l'eau et le sang. L'objectif était de trouver des matériaux de revêtement pour les appareils qui entrent en contact avec le sang, comme les machines c?ur-poumon ou les c?urs artificiels.

L'un des matériaux testés a montré des propriétés inattendues : il n'a pas seulement repoussé le sang, mais l'a également fait coaguler. Ce matériau n'était donc pas adapté au revêtement d'une pompe à sang. Les scientifiques ont toutefois rapidement réalisé que ce matériau était parfaitement adapté au pansement des plaies.

Repousser le sang et favoriser la coagulation sont deux propriétés différentes, mais toutes deux avantageuses pour les pansements : Les pansements hémostatiques ne s'imprègnent pas de sang, n'adhèrent pas à la plaie et sont donc plus faciles à retirer par la suite. En revanche, les substances et matériaux favorisant la coagulation sont utilisés en médecine pour stopper les hémorragies le plus rapidement possible. Jusqu'à présent, il n'existait cependant pas de matériaux à la fois antihémorragiques et favorisant la coagulation du sang. Pour la première fois, des scientifiques réunissent ces deux propriétés dans un même matériau.

Action antibactérienne

Les chercheurs ont enduit un tissu de gaze de coton classique avec le nouveau matériau - un mélange de silicone et de nanofibres de carbone. Lors de tests en laboratoire, les scientifiques ont pu montrer que le sang coagulait en quelques minutes seulement au contact de la gaze enduite. La raison exacte pour laquelle le nouveau matériau déclenche la coagulation du sang n'est pas encore claire et fait l'objet de recherches supplémentaires. Les scientifiques supposent toutefois que les fibres de carbone en sont responsables.

Gaze
? gauche, une gaze de coton traditionnelle. Elle absorbe le sang. ? droite, la gaze recouverte de nanofibres de carbone. En bas : Des images de microscopie électronique montrent des gros plans des fibres de coton. (Images : Li Z et al. Nature Communications 2019)

Les chercheurs ont également pu montrer que la gaze enduite avait un effet antibactérien - car les bactéries n'adhèrent que difficilement à la surface. En outre, les scientifiques ont confirmé l'efficacité du nouveau pansement lors de tests sur des rats.

Réduire le risque d'infection

"Avec le nouveau matériau superhydrophobe, on peut éviter que la plaie ne se rouvre lors du changement de pansement", explique Athanasios Milionis, post-doctorant dans le groupe de Poulikakos. "Car la réouverture est un gros problème, surtout en raison du risque d'infection - y compris par des germes hospitaliers dangereux - qui est particulièrement prononcé lors du changement de pansement".

Les domaines d'application futurs sont très larges : en médecine d'urgence et en chirurgie, pour éviter de grandes pertes de sang, mais aussi comme pansement adhésif dans la pharmacie familiale et de voyage.

L'ETH Zurich et la National University of Singapore ont déposé une demande de brevet pour ce nouveau matériau. Avant de pouvoir l'utiliser chez l'homme, les chercheurs doivent continuer à développer et à optimiser le matériau. Selon les scientifiques, d'autres essais sont nécessaires, d'abord sur d'autres espèces animales, puis sur l'homme, afin de prouver l'innocuité et l'efficacité du matériau.

Référence bibliographique

Li Z, Milionis A, Zheng Y Yee M, Codispoti L, Tan F, Poulikakos D, Yap CH : Composites de nanofibres hémostatiques superhydrophobes pour un collage rapide et une adhésion minimale. Nature Communications 2019, doi : page externe10.1038/s41467-019-13512-8

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