Dans le point aveugle de l'architecture

La 16e Biennale internationale d'architecture de Venise ouvre ses portes samedi. Plusieurs architectes travaillant à l'ETH y sont présents avec des contributions, dont quatre jeunes scientifiques de la relève qui con?oivent le pavillon suisse. Alessandro Bosshard et Matthew van der Ploeg donnent un aper?u de leur projet "Svizzera 240 : House Tour".

L'équipe du projet : Alessandro Bosshard, Li Tavor, Matthew van der Ploeg et Ani Vihervaara (de g. à dr.). Bosshard, Tavor et van der Ploeg travaillent à la chaire d'architecture et d'urbanisme, Vihervaara a travaillé pour le Future Cities Laboratory de l'ETH à Singapour et ensuite à l'ETH Zurich. (Image : Christian Beutler, Keystone)
L'équipe du projet : Alessandro Bosshard, Li Tavor, Matthew van der Ploeg et Ani Vihervaara (de g. à dr.). Bosshard, Tavor et van der Ploeg travaillent à la chaire d'architecture et d'urbanisme, Vihervaara a travaillé pour le Future Cities Laboratory de l'ETH à Singapour et ensuite à l'ETH Zurich. (Image : Christian Beutler, Keystone)

Peu après la publication de cet article, le pavillon suisse a re?u pour la première fois le Lion d'or. Pour plus d'informations, voir l'article "Biennale 2018 : la contribution de l'ETH remporte le Lion d'or".

Qu'est-ce qui attend les visiteurs du pavillon suisse ?
Alessandro Bosshard: Une visite des espaces non meublés. D'un c?té, l'environnement semble familier aux visiteurs, car il rappelle un appartement classique. Mais en même temps, il déconcerte, car nous avons détaché les dimensions de l'échelle traditionnelle. Il y a par exemple une cuisine qui est trop grande et des portes qui sont trop petites ou déformées. En détournant le matériau de base, nous voulons aiguiser la perception de ce qui nous entoure.
Matthew van der Ploeg: La vue de l'espace intérieur dans lequel nous vivons est pour ainsi dire un point aveugle de l'architecture. En effet, les architectes s'orientent en premier lieu sur des plans, tandis que les habitants pensent rapidement à l'ameublement. Nous trouvons passionnant de mettre pour une fois l'accent sur l'espace en lui-même.

Le slogan de la biennale d'architecture de cette année est "Freespace". Comment l'interprétez-vous et dans quelle mesure votre projet se rattache-t-il à ce thème ?
Van der Ploeg : "Freespace" a pour nous beaucoup à voir avec la générosité. Dans notre visite de la maison, nous l'appliquons à plusieurs niveaux : D'une part, nous laissons littéralement l'espace libre, afin que l'on puisse le vivre différemment et plus intensément. D'autre part, nous avons pris la liberté de considérer l'habitat d'un point de vue différent de celui des architectes auxquels nous sommes habitués, c'est-à-dire de ne pas travailler avec des plans et des dimensions, mais de partir de l'apparence. Pour ce faire, nous avons étudié des images d'appartements non meublés sur des sites web de bureaux d'architectes suisses.

Quel est l'impact que vous souhaitez avoir avec votre contribution ?
Bosshard
: La construction de logements contemporains est à notre avis très standardisée : Murs en pl?tre blanc, plinthes, fenêtres et loquets de porte largement normalisés. Du fait de leur omniprésence, ces éléments sont devenus quasiment naturels. Nous voulons en faire prendre conscience.
Van der Ploeg: Nous voulons inciter les gens - architectes et profanes - à réfléchir à notre fa?on d'habiter. Notre installation sert de miroir. Elle engage un dialogue avec les visiteurs et déclenche, nous l'espérons, des discussions, même critiques.

Votre thème est-il typiquement suisse ?
Bosshard: La Suisse est une nation de locataires et fait partie des pays d'Europe où la proportion de personnes vivant dans des logements locatifs est la plus élevée. Nombreux sont ceux qui occupent plusieurs logements au cours de leur vie. Le logement est chez nous un thème récurrent. Le chiffre 240 de notre titre se réfère d'ailleurs à la hauteur moyenne des murs des appartements suisses en centimètres.

Avec votre concept, vous avez remporté le concours de Pro Helvetia face à plus de 80 concurrents. Que signifie ce mandat pour vous ?
Bosshard:Nous verrons ce que cela signifie vraiment ! Mais c'est définitivement une grande expérience. Nous sommes tous deux allés plusieurs fois à la Biennale en tant que visiteurs, et bien s?r, tout architecte rêve de pouvoir y exposer. Le fait que Pro Helvetia ait organisé cette année pour la première fois un concours ouvert a été une chance énorme pour les jeunes architectes comme nous.
Van der Ploeg:Notre décision de participer à cette manifestation était plut?t spontanée. Nous avons été d'autant plus surpris de passer le second tour avec notre esquisse conceptuelle de deux pages. Il ne restait plus que cinq équipes en lice. Nous avons alors tout donné pour élaborer un projet convaincant.

Quel a été pour vous le plus grand défi ?
Van der Ploeg: Le temps qui passe. L'année passée a été une véritable course contre la montre. Mais nous nous sommes organisés de manière très efficace et nous nous sommes bien concertés. Comme c'était la première fois que nous réalisions un projet de cette envergure, nous avons fait une courbe d'apprentissage extrêmement raide.
Bosshard:Pour moi, le plus grand défi a été de tenir tous les fils ensemble. Mais je pense que nous y sommes vraiment parvenus, notamment gr?ce au soutien de notre professeur Alex Lehnerer, qui a toujours encouragé l'équipe, et de tout le département. C'était vraiment formidable.

Inside 'Svizzera 240 : House tour' '. (? Images 1-3 : Christian Beutler / Keystone ; Image 4 : Wilson Wootton)

 

Inside 'Svizzera 240 : visite de la maison. (Images : Copyright Wilson Wootton)

Autres projets de l'ETH à la Biennale de Venise 2018

Il y a beaucoup d'ETH non seulement dans le pavillon national suisse, mais aussi dans celui du Japon : l'exposition site externe"L'ethnographie architecturale" est organisé par Momoyo Kaijima, professeure d'Architectural Behaviorology, et Laurent Stalder, professeur de théorie de l'architecture. Parmi les exposants, on trouve notamment Tom Emerson, professeur d'architecture et de construction.

Sacha Menz, professeur d'architecture et de processus de construction, expose dans l'exposition "Time Space Existence", qui fait partie du programme-cadre de la Biennale. Dans son projet "Typologies de b?timents denses et verts : l'architecture comme écosystème urbain" il étudie avec le professeur Thomas Schr?pfer de l'Université de technologie et de design de Singapour comment la ville-?tat peut se développer sans que la qualité de vie en p?tisse.

D'autres professeurs de l'ETH présentent des projets de leurs bureaux dans l'exposition principale et dans le programme-cadre. Vers l'aper?u

JavaScript a été désactivé sur votre navigateur.