Le think tank de l'architecture a 50 ans

Créé à l'ETH en tant que "bizarrerie", l'Institut d'histoire et de théorie de l'architecture (gta) est devenu la véritable plaque tournante de la connaissance de l'art de construire. Cet institut de renommée internationale fête son 50e anniversaire comme il se doit : avec une exposition et des débats.

Le gta est une mémoire de l'architecture, mais il se mêle aussi de questions actuelles : pièces de l'exposition anniversaire "Théorie fant?me" à l'Institut d'histoire et de théorie de l'architecture&nbsp ;(gta) sur le H?nggerberg (photo. Martin Stollenwerk / ETH Zurich)
Le gta est une mémoire de l'architecture, mais il se mêle aussi de questions actuelles : pièces de l'exposition anniversaire "Théorie fant?me" à l'Institut d'histoire et de théorie de l'architecture (gta) sur le H?nggerberg (photo. Martin Stollenwerk / ETH Zurich)

Celui qui construit laisse des traces profondes : "La conception et la construction s'inscrivent dans une perspective temporelle. L'architecture de haut niveau conna?t donc l'importance éminente de l'histoire et utilise ce savoir", explique Laurent Stalder. Il est professeur de théorie architecturale à l'ETH et directeur du gta. Depuis sa création en 1967, l'institut se consacre à familiariser les étudiants en architecture non seulement avec les compétences de conception et de mise en ?uvre, mais aussi avec l'héritage historique et culturel sur lequel ils continuent littéralement à construire. "Il est crucial que les architectes soient conscients de leur r?le".

Nature et culture

Pour y parvenir, le travail du gta peut être décrit comme un quadrilatère, selon Laurent Stalder, dont les pierres angulaires sont l'histoire, le présent, la théorie et la pratique dans leurs relations mutuelles. Lors de sa fondation, Jakob Burckhardt, alors président du Conseil suisse de l'éducation, avait caractérisé l'institut gta comme un "cas particulier", un cas unique dans une haute école orientée vers les sciences naturelles. En même temps, il voyait l'institut comme un correctif important : en opposant toujours au geste de la déduction et de la spécialisation le miroir de la société, qui ne reflète rien d'isolé, mais toujours une image globale. "La description de Burckhardt correspond toujours à l'essence du gta. C'est un centre dans lequel la transdisciplinarité et la pensée critique sont tout naturellement comprises comme faisant partie du travail de l'architecte, et c'est pourquoi il est indispensable dans sa formation".

En toute logique, les archives, la maison d'édition et le programme d'exposition du gta sont étroitement imbriqués : "Nous utilisons ainsi résolument notre importante collection de fonds architecturaux dans l'enseignement et transmettons ce savoir et cette expérience aux étudiants en architecture". Par exemple, l'expérience de Fritz Haller : l'architecte suisse a été un pionnier dans l'application du traitement électronique des données à l'architecture. "Les documents du fonds nous permettent de comprendre comment la technique informatique a été introduite dans l'architecture", constate Laurent Stalder. Plus que toute autre discipline, l'architecture nécessite le dépassement des frontières disciplinaires de l'histoire de la technique , de l'histoire intellectuelle et de l'histoire sociale.

Au c?ur du département

"L'horizon temporel de nos sociétés se rétrécit. Nous perdons le contact aussi bien avec l'histoire qu'avec l'avenir". C'est là que Philip Ursprung, professeur d'histoire de l'art et de l'architecture au gta et actuellement chef du Département d'architecture, voit une grande mission pour l'institut. "Sans mémoire, il n'y a pas de nouveauté, et sans réflexion critique, il n'y a pas d'action raisonnable", dit-il. Pour Ursprung, l'institut est au centre du département, en tant que lieu de rencontre entre la conception, la technologie, l'urbanisme, la conservation du patrimoine et l'architecture du paysage. "Au gta, nous ne nous contentons pas d'observer l'architecture, nous essayons aussi de la fa?onner, par l'enseignement, la recherche et aussi en nous impliquant dans les questions actuelles, par le biais d'expositions, de publications et de tables rondes."

Un institut d'études avancées

En jetant un regard rétrospectif sur les 50 ans du gta, Laurent Stalder se montre fier de ce qui a été accompli : "Il est devenu une institution solidement établie dans le monde entier gr?ce à son travail dans l'enseignement et la recherche. Son importance se manifeste notamment par le fait que le gta dispose d'une maison d'édition active au niveau international et coopère avec les plus grands musées. Pendant ce temps, d'autres universités imitent notre idée en créant des établissements similaires".

En matière de formation, l'accent est mis sur le tout jeune programme de doctorat en histoire et théorie de l'architecture, lancé en 2012. Laurent Stalder : "La première cohorte vient de terminer ses travaux, qui ont été remarqués". Il se concentre maintenant sur le projet ambitieux d'un Institute of Advanced Studies sous la direction du gta : "Nous disposons d'excellentes ressources. Nous voulons les rendre accessibles aux meilleurs chercheurs du monde, en collaboration avec la bibliothèque de l'ancien directeur du gta, Werner Oechslin, l'une des meilleures bibliothèques dans notre domaine".

Connaissance numérique de l'architecture

Le savoir architectural, ce sont des modèles, des plans, des rendus, des coupes, des conceptions informatiques et même des constructions physiques. Mais le travail d'archivage traditionnel met toujours l'accent sur les matériaux analogiques. C'est pourquoi le gta s'intéresse aussi de près à l'archivage du futur : "En étroite coopération avec des spécialistes de la Bibliothèque de l'ETH, mon collègue Maarten Delbeke travaille sur des procédés permettant de saisir de manière appropriée les fonds architecturaux, des transcriptions aux données numériques en passant par les volumes. Ainsi, une nouvelle approche du savoir architectural pourrait voir le jour, permettant un accès plus facile, plus complet et surtout plus complexe au savoir historique", explique le directeur du gta. Et qui sait : peut-être que le gta montre ainsi la voie à d'autres domaines scientifiques.

"?vénements anniversaires "gta 50

Fondé en 1967 au sein de l'ancien département d'architecture, le gta, avec ses archives, sa maison d'édition et son programme d'expositions, a rapidement acquis une renommée internationale en tant qu'institution de formation et de recherche. L'apogée du Année du centenaire de la gta constituent, les 28 et 29 septembre 2017, un colloque, une table ronde et le vernissage d'une exposition. Ces événements sont entièrement placés sous le signe du passé et du présent, de la théorie et de la pratique, les quatre piliers de l'institut.

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