Abolir les barrières dans les têtes

Quel est le r?le de la technique dans l'égalité des personnes handicapées ? Des experts et des scientifiques en ont discuté à l'ETH Zurich en amont du premier Cybathlon du monde.

Vue agrandie : Cybathlon-2016
Joe Manser (à droite) discute avec Andreas Rieder (au centre) et Robert Riener sur le podium des nombreux obstacles quotidiens auxquels sont confrontées les personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux.

La technique seule n'est pas la solution. Tous les participants à la table ronde animée par Niklaus Walter, chef de la rubrique Connaissances de la SonntagsZeitung et du Tages-Anzeiger, étaient d'accord sur ce point. Selon eux, la suppression des obstacles quotidiens et une plus grande acceptation des personnes handicapées dans la société sont tout aussi importantes que les technologies d'assistance innovantes. "Les technologies d'assistance comportent même le risque de négliger les adaptations nécessaires de l'environnement, car on part du principe que l'individu s'adapte", a mis en garde Brian McGowan, président de l'association Sensability.

Intégration dès l'école

Atteint de faiblesse musculaire depuis son enfance, McGowan s'engage avec l'association basée près de Berne pour la compréhension entre les personnes handicapées et non handicapées. Ce n'est pas l'individu, mais la société qui doit trouver des solutions, a-t-il demandé. "Pour moi, l'égalité, c'est la suppression des handicaps".

Pour McGowan, les écoles intégratives sont un bon moyen de permettre aux personnes handicapées d'avoir un accès équivalent à la formation et à la profession, tout en obtenant une meilleure acceptation sociale. Celui qui, dès l'enfance, est en contact avec des personnes souffrant de handicaps, est sensibilisé très t?t à leurs défis quotidiens.

Dans son discours de bienvenue à la centaine de visiteurs, le vice-président de l'ETH Ulrich Weidmann s'était déjà interrogé sur l'utilité de la subdivision en personnes handicapées et non handicapées. Selon Weidmann, on part souvent du principe qu'un homme de 25 ans en bonne santé est une personne normale, par exemple lors de la planification de mesures de construction. "Mais les enfants ou les personnes ?gées n'ont pas non plus les mêmes capacités que cet homme standard", a souligné Weidemann, qui est entre autres responsable de l'accessibilité des b?timents à l'ETH Zurich.

Tous les êtres humains utilisent des outils

Karin Harrasser, spécialiste de la culture et des médias à l'université des arts de Linz, a également remis en question la frontière entre handicap et non-handicap. Elle a plaidé pour l'admission de projets de vie radicalement différents et a souligné que tous les êtres humains utilisaient en quelque sorte des prothèses, parmi lesquelles les sciences culturelles comptent également des appareils comme la télévision ou le smartphone.

Pour tous les participants à la discussion, le smartphone était un bon exemple d'outil au service de tous, avec ou sans handicap. "Il a également résolu le problème des personnes en fauteuil roulant qui ne pouvaient pas atteindre le téléphone dans les cabines téléphoniques, et les sourds peuvent l'utiliser par SMS", a déclaré le conseiller municipal zurichois Joe Manser. Il dirige le service spécialisé dans la construction sans obstacles et utilise lui-même un fauteuil roulant. Pour Joe Manser, la haute technologie est un élément permettant d'atteindre l'égalité, à condition qu'elle soit adaptée aux besoins des personnes physiquement handicapées. Or, comme la discussion l'a montré très clairement, ce n'est souvent pas encore le cas.

Impliquer les personnes concernées dans le développement

Ainsi, la plupart des participants à la discussion ont souhaité que les personnes concernées soient impliquées bien plus t?t dans le développement des technologies d'assistance. Robert Riener, professeur de l'ETH en systèmes sensori-moteurs et initiateur du Cybathlon,a indiqué que cela se faisait déjà dans son groupe de recherche. Au centre de recherche en paraplégiologie de la clinique universitaire Balgrist, il teste de nouvelles technologies, notamment avec des patients en rééducation. "La technique est toutefois encore loin d'être aussi bonne que ce dont les gens auraient besoin", reconna?t-il.

Pour progresser encore, il souhaite encore plus d'échanges multidisciplinaires et c'est aussi pour cela qu'il a lancé le Cybathlon. McGowan a ajouté qu'il serait judicieux que les personnes handicapées participent à la conception des solutions et à la recherche. Andreas Rieder, directeur du Bureau fédéral de l'égalité pour les personnes handicapées, a quant à lui souligné qu'il ne fallait pas perdre de vue les handicaps mentaux ou psychiques en plus des handicaps physiques.

Un point important pour les personnes présentes était notamment que les prestataires tels que l'assurance-invalidité (AI) leur accordent un plus grand droit de regard sur le choix. "Le problème, c'est quand d'autres décident de ce qui est simple et approprié pour moi", a résumé Rüdiger B?hm. B?hm a perdu ses deux jambes dans un accident de la route en 1997 et travaille aujourd'hui comme entra?neur de motivation et coach.

La technique ne doit pas devenir une contrainte

Malgré la disponibilité des technologies d'assistance, leur utilisation ne doit pas devenir une contrainte - c'est une autre préoccupation importante des participants à cette soirée. La technique n'aide pas seulement à surmonter les obstacles quotidiens, elle crée aussi de nouvelles dépendances et évince même parfois des solutions indépendantes, comme par exemple la culture de la langue des signes. Pour conclure, Joe Manser a souhaité, en réponse à la question de l'animateur Walter, une invention qui permettrait de faire dispara?tre les barrières dans l'esprit des gens.

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