Il est grand temps d'utiliser la géothermie !

La future stratégie énergétique est un sujet souvent discuté au sein du gouvernement et de la population suisses. Car nous n'avons pas encore trouvé de solution au problème principal : Comment la Suisse pourra-t-elle produire l'électricité nécessaire après la fermeture de ses centrales nucléaires ?

Tête de forage
Tête de forage. (Image : Sankt Galler Stadtwerke)

Nous savons tous que nous devrons bient?t changer notre mode de vie en réduisant drastiquement notre consommation de dioxyde de carbone, en améliorant l'isolation de nos maisons, en couvrant nos toits de panneaux solaires et en conduisant des voitures électriques. Toutes ces mesures ne permettront toutefois pas de compenser le manque d'électricité après une sortie du nucléaire. Dans un bon scénario, cela représente 30 à 50 % de la production d'électricité actuelle pendant les mois d'hiver. Cela suppose que nous parvenions, dans des conditions climatiques, politiques et économiques changeantes, à maintenir la capacité de nos centrales hydroélectriques, voire à l'augmenter légèrement.

Besoin en énergie de bande

Vue agrandie : Géothermie profonde
Formes de géothermie profonde (Garfik : Swiss Seismological Service)

De nouvelles technologies renouvelables sont nécessaires, notamment pour la production d'énergie en bande continue, afin de compenser les fluctuations de l'énergie solaire et éolienne. La Stratégie énergétique 2050 vise la géothermie comme nouvelle source d'électricité de base, et ce pour une bonne raison : les températures élevées à l'intérieur de la Terre - jusqu'à 6000 °C dans le noyau terrestre - rendent l'énergie géothermique omniprésente. Certains pays l'utilisent déjà avec succès pour des applications de chauffage et pour la production d'électricité, en partie aussi la Suisse. Dans ce pays, la température de la roche augmente de 25 à 30 °C par kilomètre. Entre quatre et six kilomètres de profondeur dans le sous-sol, la température est comprise entre 170 et 190 °C. ? ces profondeurs, deux principes s'appliquent lorsqu'il s'agit de l'avenir de la géothermie : minimiser les co?ts et maximiser la sécurité.

Minimiser les co?ts

Bien s?r, le co?t de l'énergie géothermique est aujourd'hui très élevé. Mais c'est aussi le cas de toutes les autres technologies, si on les compare aux prix très bas du marché spot de l'électricité en Europe - moins de 3 centimes par kilowattheure l'après-midi, en raison de la combustion extensive de charbon en Allemagne. Dans notre futur mix énergétique, nous ne devrions exclure aucune technologie de peur qu'elle ne devienne trop chère dans plusieurs décennies. Une production économiquement durable de géothermie sera possible en Suisse. Surtout si cette technologie continue à se répandre en Europe.

Maximiser la sécurité

Les tremblements de terre induits constituent le plus grand défi en matière de sécurité lors de la production d'un réservoir géothermique profond fonctionnel. De tels événements se sont produits dans le cadre des projets de B?le en 2006 et de Saint-Gall en 2013. Les deux projets ont été abandonnés parce que les tremblements de terre provoquaient des secousses perceptibles et de légers dommages en surface. La sismicité induite concerne également d'autres applications géo-énergétiques dans différents pays européens, par exemple l'extraction conventionnelle et non conventionnelle de gaz naturel et de pétrole, le stockage de gaz naturel, l'injection d'eaux usées et l'exploitation minière souterraine. Mais plut?t que de reculer devant les nouvelles technologies, nous devons apprendre à contr?ler le comportement de la roche lors de l'extraction ou de l'injection de liquide, afin d'éviter les séismes majeurs.

Atteindre l'objectif

Pour développer avec succès la géothermie, il faut - comme pour toute nouvelle technologie - une phase d'expérimentation intensive associée à des investissements continus. Le Parlement suisse envisage pour cela différentes mesures de soutien, par exemple une rétribution de l'injection de courant, une garantie de risque en cas de site improductif ainsi qu'un programme de forage à l'échelle nationale afin d'explorer précisément le sous-sol.

Ces mesures sont nécessaires, mais probablement pas suffisantes. Si nous voulons atteindre l'objectif de la Stratégie énergétique 2050 - 4,4 térawattheures par an, soit 7 % de notre production actuelle d'électricité -, tous les acteurs doivent faire leur part :

  • Plusieurs cantons devraient s'unir et soutenir les plans de la Confédération suisse en définissant une réglementation commune en matière d'autorisation et en coordonnant différents projets.
  • Un programme national de recherche et de développement pour l'expérimentation et la modélisation devrait être assuré d'ici 2050 (le SCCER-SoE [1] étant un premier pas dans la bonne direction ; le centre de compétences espère une décision positive du Parlement concernant le soutien à la formation, à la recherche et à l'innovation pour la période 2017-2020).
  • Il faut des projets de démonstration pour différentes techniques et conditions géologiques afin d'atteindre une puissance électrique de 20 mégawatts par an entre 2025 et 2050.
  • Les producteurs d'électricité devraient s'engager ensemble pour combiner des projets de production d'électricité et d'utilisation directe de la chaleur.

Une phase de démonstration à l'échelle nationale doit être lancée dès maintenant. Il est grand temps d'utiliser la géothermie !

Vous trouverez également cet article dans le site externeBlog du SCCER-SoE.

Informations complémentaires

[1]Voir aussi celle-ci Article de blog (Projet de géothermie de Saint-Gall)

[2]Et ce Article de blog (Géothermie sans séisme)

[3] Centre de compétences suisse pour la recherche énergétique - Mise à disposition d'électricité : site externeSCCER-SoE

Vers l'auteur

Domenico Giardini
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