Vélo en bambou pour le quotidien

Trois étudiants en informatique de l'ETH Zurich veulent mettre sur le marché un vélo en bambou dont le prix ne dépasserait pas 500 francs. Les premiers vélos sont désormais en production.

Vue agrandie : Photo : Peter Rüegg/EPF Zurich
Les étudiants en informatique Kevin Klein, Tim Taubner et Philip Junker (de gauche à droite) ont fondé Koala Bicycles pour produire des vélos avec cadre en bambou. (Image : ETH Zurich/Peter Rüegg)

Plus solides, plus légers, plus durables et plus beaux : c'est ainsi que Kevin Klein, étudiant en informatique à l'ETH Zurich, vante les mérites des vélos dont le cadre est en bambou. L'acier ou l'aluminium, dont sont faits les vélos de tous les jours, sont chargés d'une grande énergie grise. "Mais le bambou pousse de trois centimètres par heure, comme ?a, sans qu'on ait à lever le petit doigt", explique Klein.

Cet étudiant de l'ETH de 21 ans est le directeur de la jeune société à responsabilité limitée "Koala Bicycles", qu'il a fondée au printemps avec Tim Taubner et Philip Junker. Leur objectif : un vélo en bambou adapté à un usage quotidien, moins cher que les vélos en bambou actuels et meilleur que les modèles routiers habituels en acier ou en aluminium dans cette catégorie de prix. Un tel véhicule en bambou ne devrait pas co?ter plus de 500 francs. "Le prix nous démarque des autres producteurs de vélos en bambou. Jusqu'à présent, il fallait débourser au moins 1200 francs pour un tel modèle, certains co?tent même plus de 3000 francs et sont des objets d'amateur", explique Kevin Klein.

Premier prix pour un prototype

L'idée de fabriquer des vélos en bambou est venue à Tim Taubner, dont les racines familiales se trouvent en Chine. C'est là qu'il a découvert ce matériau, où il est utilisé à des fins très diverses. En Europe, en revanche, on ne fait pas vraiment confiance au bambou et on ne l'utilise guère. Pour Taubner, c'était incompréhensible et il a cherché une utilisation.

Dans le cadre d'un concours organisé par l'ETH Entrepreneur Club, celui qui étudie le génie mécanique et l'informatique a finalement lancé son idée de vélo en bambou - et a remporté le premier prix avec son prototype. Il a également remporté les prix spéciaux "best added value" et "best innovation". Gr?ce à sa participation au concours, Taubner a attiré l'attention de Philip Junker, qui s'est proposé comme cofondateur d'une entreprise de vélos en bambou. Les deux hommes ont alors fait part à Klein de leur intérêt pour qu'il devienne leur directeur commercial. C'est ainsi que les camarades, qui se connaissaient depuis longtemps gr?ce à leurs études, se sont retrouvés pour fonder "Koala Bicycles".

Premiers vélos faits à la main

Vue agrandie : Photo : ETH Zurich/Peter Rüegg
Tubes de bambou découpés qui formeront le cadre d'un des vélos commandés.

Pour lancer leur produit, le trio a lancé une action de prévente : Jusqu'au 10 ao?t, les clientes et clients pouvaient commander un vélo en bambou fait sur mesure pour eux, avec des composants assemblés par leurs soins. Co?t : à partir de 700 francs. Depuis le 18 ao?t, les trois étudiants assemblent les vélos commandés dans un atelier à Zurich-Oerlikon. Ils comptent jusqu'à 15 heures de travail par vélo. Le 23 ao?t, ils souhaitent terminer la production de cette petite série et livrer les vélos.

Les jeunes entrepreneurs se procurent le bambou pour le cadre en Chine. La mère de Taubner est née en Chine. Elle a utilisé ses relations dans son pays d'origine et les a aidés à trouver un fournisseur approprié. Les composants tels que le pédalier, le changement de vitesse ou les freins sont toutefois conventionnels. Comme les premiers clients composent eux-mêmes leur vélo, les jeunes entrepreneurs ne peuvent pas non plus établir un écobilan pertinent pour les premiers vélos en bambou. "Mais le bambou est en tout cas beaucoup plus écologique que l'acier ou l'aluminium", souligne Klein.

Tournée de promotion dans les villes européennes

Les étudiants espèrent tirer de cette prévente des réactions de leurs premiers clients. Ces réactions devraient être prises en compte dans la suite de la production. Sur cette base, ils souhaitent proposer un modèle "Kickstarter" à 500 francs à partir de la mi-septembre. Ces vélos ne devraient plus avoir que des tailles standard et des composants uniformes. Ils souhaitent vendre 300 exemplaires de ces vélos dans toute l'Europe.

Afin de promouvoir les modèles Kickstarter, les trois compères prévoient une tournée de présentation à partir de la mi-septembre, qui les mènera dans plusieurs villes européennes, dont les villes cyclables d'Amsterdam et de Copenhague. Le montage et la livraison des vélos commandés devraient ensuite avoir lieu de mi-novembre à fin novembre, mais les futurs informaticiens ne mettront alors pas la main à la p?te. "Les vélos seront construits pour nous dans des ateliers spécialisés", de préférence dans un atelier situé directement dans l'un des grands ports de Rotterdam ou de Hambourg. Ce serait plus judicieux d'un point de vue écologique, car un seul transport serait nécessaire au lieu de deux, et les co?ts de livraison seraient moins élevés.

D'abord les études, ensuite le business

Les étudiants ne peuvent pas (encore) vivre de leur nouvelle activité. "Nous ne voulons pas faire de notre hobby un métier, mais nous essayons de monter le business du vélo parallèlement à nos études", explique Klein. Mais : "Avec les vélos en bambou, nous ne voulons pas simplement servir une niche, mais être adaptés à la masse".

Koala Bicycles" n'est pas encore un spin-off officiel de l'ETH, car "notre idée commerciale n'a rien à voir avec la formation ou la recherche de l'ETH", explique Klein. Les trois fondateurs de l'entreprise ont toutefois contacté le Future Cities Laboratory de l'ETH Zurich à Singapour. Dirk Hebel, professeur d'architecture et de construction, y étudie le bambou comme matériau de construction. Klein souhaite échanger du savoir-faire avec les spécialistes et l'utiliser pour la production de vélos. Et ensuite développer un plan pour que "Koala Bicycles" roule vers l'avenir après la livraison des modèles Kickstarter.

Vue agrandie : Image : Peter Rüegg/EPF Zurich
Kevin Klein scie un tube de bambou nécessaire à la construction du cadre.
Vue agrandie : Image : ETH Zurich
Beaucoup de travail manuel : Philip Junker fraise lui-même un filetage pour le pédalier.
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