Coup d'envoi de la construction d'AgroVet-Strickhof

Madame Soliva, au milieu de l'année dernière, le Grand Conseil zurichois a approuvé à l'unanimité le crédit de 29 millions de francs pour les constructions nouvelles prévues sur le site du Strickhof. La démolition des anciennes écuries et la construction des premiers b?timents débuteront en été/automne 2015. En quoi consistent ces projets de construction ?
Carla Soliva : Les constructions nouvelles sont divisées en deux sous-projets : D'une part, le canton de Zurich construit un centre pour animaux de rente. Celui-ci se compose d'une étable pour les vaches laitières et d'une étable pour l'élevage, l'engraissement des veaux et des bovins et doit servir à la formation agricole ainsi qu'à l'enseignement et à la recherche en médecine vétérinaire et en sciences agronomiques. Le centre pour animaux de rente comprend également un "forum" pour les cours et les manifestations publiques. D'autre part, l'ETH Zurich construit un centre du métabolisme avec des étables expérimentales pour bovins, chevaux, moutons, porcs, volailles et lapins ainsi que des chambres respiratoires. A cela s'ajoute un b?timent de bureaux et de laboratoires pour les chercheurs de l'ETH Zurich et de l'UZH.

La nouvelle infrastructure permet-elle de poser de nouvelles questions de recherche ?
Soliva : Avec la nouvelle infrastructure, nous pourrons considérer l'ensemble de la cha?ne de création de valeur des denrées alimentaires selon l'approche globale "From Feed to Food", en commen?ant par la production d'aliments pour animaux, en passant par l'affouragement et jusqu'à l'obtention de denrées alimentaires. L'accent est mis sur la recherche translationnelle sur les animaux de rente, qui traite de questions dépassant le cadre d'une seule discipline, comme la question de l'élevage efficace d'animaux de rente, adapté à l'espèce et au site, et à faibles émissions. L'optimisation de l'infrastructure expérimentale permettra d'accro?tre la pertinence scientifique des études, car il sera par exemple possible de mieux contr?ler les facteurs environnementaux tels que les températures extérieures ou les variations de qualité du fourrage des prairies. Les constructions nouvelles offriront en outre aux chercheurs des avantages en termes d'organisation et de logistique.

Que va apporter la nouvelle étable pour vaches laitières ?
Soliva : L'étable pour vaches laitières comprendra environ 120 places pour vaches laitières, avec un troupeau pour chaque formation d'agriculteurs, de praticiens agricoles, de gardiens d'animaux et d'étudiants, ainsi que pour la recherche. Deux systèmes de traite différents seront installés à cet effet, dont un robot de traite entièrement automatique.

Le c?ur de la nouvelle installation sera le centre métabolique. Quelles nouvelles possibilités dans la recherche sur les animaux de rente cette installation ultramoderne permet-elle ?
Soliva : L'alimentation a une grande influence sur la santé et les performances des animaux de rente. Le Centre du métabolisme permet par exemple de déterminer les influences de l'alimentation sur les émissions de méthane des ruminants ou d'étudier les besoins alimentaires des vaches laitières après le vêlage. Les bénéficiaires de ces recherches sont les agriculteurs, mais aussi bien s?r les animaux eux-mêmes et les consommateurs.

Madame Soliva, en tant que nouvelle directrice de recherche du centre de formation et de recherche agricole AgroVet-Strickhof à Eschikon Lindau, vous exercez une "fonction de plaque tournante" : trois partenaires de projet, quatre sites, plus des agriculteurs, des vétérinaires, des agronomes, des chercheurs, des étudiants et des personnes en formation en tant qu'utilisateurs, ainsi qu'un projet de construction en cours de plusieurs millions de francs. Après six mois d'activité, vous avez déjà la tête qui tourne ?
Soliva : (rires) Pas du tout ! Mais c'est en effet une t?che complexe d'organisation, de coordination et de communication. C'est pourquoi je suis heureuse d'être familière avec le projet AgroVet-Strickhof depuis quelques années déjà. Après ma thèse de doctorat, j'ai travaillé à la fois à l'ETH Zurich et à la faculté Vetsuisse de l'Université de Zurich.

Pouvez-vous décrire brièvement vos principales t?ches ?
Soliva : Je participe à la construction d'AgroVet-Strickhof jusqu'à son ouverture prévue en 2017. La marque de fabrique de ce nouveau centre de formation et de recherche sera le lien étroit entre les sciences agronomiques, la médecine vétérinaire et la pratique agricole (voir encadré). Parallèlement, j'accompagne les projets de construction et l'élaboration du concept d'exploitation et d'utilisation en tant que conseillère scientifique. Parallèlement, je coordonne les activités de recherche dans le domaine des animaux de rente au sein d'AgroVet-Strickhof.

Monsieur Wettstein, vous dirigez les trois stations de recherche agricole actuelles de l'ETH Zurich : Chamau, Früebüel et Alp Weissenstein. Ces deux dernières feront désormais partie d'Agrovet-Strickhof ; Chamau a été vendue au canton de Zoug à la fin de l'année dernière et est depuis lors louée par l'ETH. Avec l'ouverture d'Agrovet-Strickhof en 2017, le site de Chamau devrait être abandonné. Pourquoi cela ?
Hans-Rudolf Wettstein : C'était une décision stratégique de l'ETH Zurich d'établir une coopération étroite avec le Strickhof et l'Université de Zurich afin de renforcer les sciences agronomiques. Cette collaboration permet de créer des synergies au niveau du contenu et de l'exploitation. Comme le Strickhof possède déjà une exploitation agricole en zone de plaine à Eschikon Lindau et que l'ETH est déjà présente à Eschikon Lindau avec sa station de recherche en sciences végétales, la station de recherche de Chamau sera abandonnée. Les deux sites en zone de montagne (Früebüel, 1000 m d'altitude) et en zone d'économie alpestre (Alp Weissenstein, 2000 m d'altitude) seront en revanche intégrés à AgroVet-Strickhof.

Avec la mise en service d'AgroVet-Strickhof, vous serez le nouveau responsable informatique à Eschikon Lindau. Quelles t?ches vous attendent là-bas?
Wettstein : Sur le site d'AgroVet-Strickhof, de nombreux systèmes sont installés pour collecter et stocker de grandes quantités de données. Ainsi, les quantités de nourriture sont automatiquement relevées dans le centre pour animaux de rente. Les systèmes de traite fournissent entre autres des données sur la quantité et la qualité du lait. S'y ajoutent par exemple des informations sur l'ascendance des animaux et des valeurs d'analyse sur les aliments utilisés. Ma première t?che sera d'élaborer des concepts sur la manière dont ces données peuvent être rassemblées et utilisées.