Des p?turages et du palmier à huile

Utiliser des terres de p?turage pour développer la culture de palmiers à huile peut créer un avantage concurrentiel pour les producteurs d'Amérique du Sud tout en épargnant les écosystèmes naturels, mais cela nécessitera des améliorations dans le secteur de l'élevage pour éviter les effets indirects négatifs.

Vue agrandie : oil palm with seeds
La culture de palmiers à huile sur des terres de p?turage pourrait fournir un moyen durable d'augmenter la production tout en épargnant les écosystèmes naturels. (Photo : Iddy Farmer/CIFOR/flickr)

La production de palme à huile est en train de devenir une activité économique importante en Afrique, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. De nombreuses personnes et organisations internationales ont fait part de leur inquiétude quant à l'intérêt croissant pour la culture de palmiers à huile, qui pourrait menacer la biodiversité et les écosystèmes. La déforestation à grande échelle qui a eu lieu en Asie du Sud-Est pour accommoder cette culture sert d'exemple éloquent que de telles préoccupations ne sont pas infondées. Dans un article précédent sur ce blog [1], j'ai soutenu que l'expansion de la palme à huile dans le contexte africain pourrait tirer profit des zones relativement vastes, mais sous-productives, déjà plantées avec cette culture. L'amélioration des rendements dans ces zones peut augmenter la production globale et réduire les pressions pour la conversion des forêts afin d'accommoder les plantations dans la région. Dans cet article, je souhaite me concentrer sur le cas de l'Amérique du Sud et explorer une voie de développement qui pourrait donner à la région des avantages concurrentiels lors de l'expansion durable de son secteur de la palme à huile.

Réduire les impacts environnementaux

En Amérique du Sud, les moteurs historiques de la déforestation à grande échelle ont été l'expansion des p?turages et du soja. Par exemple, en Colombie, jusqu'à 26,5 millions d'hectares de forêts naturelles ont été nettoyés et transformés en p?turages. Ces zones sont utilisées pour l'élevage extensif de bétail pour la production de viande et de lait et sont considérées comme plut?t sous-productives. Il est intéressant de noter qu'en Colombie, le secteur de la palme à huile s'est développé ces derniers temps, principalement au détriment de ces terres de p?turage. Les recherches menées par notre groupe ont suggéré qu'une expansion continue de la culture de palmiers à huile sur ces terres peut en effet permettre d'atteindre les objectifs de production à long terme tout en réduisant les impacts environnementaux, tels que les émissions de carbone et la déforestation [2].

Toutefois, pour mettre en ?uvre efficacement cette voie de développement plus durable, il convient de prendre en compte les éventuels effets indirects. Lorsque les propriétaires fonciers convertissent de plus en plus leurs p?turages à la culture de palmiers à huile, les activités d'élevage peuvent être déplacées vers de nouvelles zones, ce qui entra?ne une déforestation supplémentaire. Les scientifiques appellent ce processus un changement indirect d'utilisation des terres. Par conséquent, une expansion durable de la culture de palmiers à huile en Colombie doit être mise en ?uvre en parallèle avec des pratiques d'élevage améliorées et plus efficaces qui réduisent la superficie nécessaire à la production de viande et de lait. Cela pourrait être réalisé, par exemple, par l'adoption de meilleures races de bétail, l'utilisation de sources d'alimentation complémentaires telles que l'herbe naturelle ou une meilleure gestion pendant les périodes de sécheresse. Une grande question qui se pose à partir de ces résultats, cependant, est de savoir quels sont les co?ts financiers de telles améliorations dans le secteur de l'élevage ? Et comment ces co?ts peuvent-ils être ma?trisés ?

Avec la demande croissante d'huile de palme produite de manière durable sur les marchés européens et nord-américains, les producteurs sud-américains pourraient avoir un avantage concurrentiel pour accéder à ces marchés. Les terres écologiquement appropriées pour la conversion, telles que les terres de p?turage, peuvent ne pas être disponibles ou facilement identifiables dans d'autres régions telles que l'Afrique ou l'Asie du Sud-Est. De plus, on pourrait penser qu'une expansion durable du palmier à huile en Amérique du Sud pourrait indirectement pousser les producteurs d'ailleurs vers une production de palmier à huile plus durable, qui pourraient changer leurs pratiques pour rester compétitifs et garder l'accès à des marchés plus soucieux de l'environnement.

Plus d'informations

[1] Entrée de blog : Le palmier à huile en Afrique : une opportunité trop belle pour être manquée ?

[2] Garcia-Ulloa, J., et al. "Lowering environmental costs of oil-palm expansion in Colombia", Conservation Letters, 2012, DOI : page externe10.1111/j.1755-263X.2012.00254.x

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