Réparer les barreaux fragiles de l'échelle de carrière

Renate Schubert est déléguée à l'égalité des sexes auprès du président de l'ETH Zurich depuis 2008. Dans cette interview, elle présente "Fix the leaky pipeline !", le programme d'encouragement du Domaine des EPF pour les jeunes femmes scientifiques.

Leakey pipeline
Le programme d'encouragement "Fix the Leaky pipeline !" soutient les jeunes femmes scientifiques dans leur carrière. (Image : iStockphoto.com - TommL)
Renate Schubert
Renate Schubert (photo : Peter Rüegg)

Madame Schubert, vous avez accompagné dès le début le développement du programme de promotion des carrières "Fix the leaky pipeline !" lancé en 2010. Au printemps 2014, le programme entamera une nouvelle phase. Quelle est l'orientation de ce programme ?
Renate Schubert :
Avec nos différentes offres d'encouragement de la relève, nous voulons soutenir de manière ciblée les jeunes femmes scientifiques dès le niveau du doctorat. C'est pourquoi les offres sont adaptées aux besoins typiques et très concrets des futures chercheuses. Gr?ce à l'évaluation du programme de l'année dernière, nous avons pu adapter notre offre de manière encore plus spécifique à leurs souhaits et à leurs suggestions thématiques.

Pour quelles questions les jeunes chercheuses ont-elles besoin de conseils ?
Surtout en ce qui concerne ce que l'on appelle les soft skills, comme le réseautage et les compétences de direction. En moyenne, les femmes sont moins "visibles" que les hommes dans le milieu académique et dans la communauté scientifique. Elles se présentent de manière moins offensive et participent moins souvent à des événements de socialisation - soit parce qu'un enfant les attend à la maison, soit parce qu'elles aiment moins cette forme de communication.
Dans nos cours, ils peuvent apprendre à mieux "se vendre" en général et à se présenter avec plus de succès - par exemple lors d'entretiens d'embauche académiques.

Il est fréquent que les femmes scientifiques décident de ne pas poursuivre une carrière académique pendant la période qui suit l'obtention de leur doctorat.
Vrai. Notre monitoring sur le genre montre chaque année que le taux de femmes diminue nettement après le doctorat ou après le niveau postdoctoral, puis encore une fois sur le chemin menant de l'assistanat à la chaire ordinaire ou extraordinaire. Il existe donc pour les femmes deux "points de rupture" frappants sur l'échelle de la carrière scientifique.

A quoi cela tient-il ?
Les raisons sont multiples. L'une d'entre elles réside certainement dans le fait que de nombreuses femmes scientifiques pensent à fonder une famille pendant la période qui suit leur doctorat. Il incombe donc à l'ETH Zurich de donner des signaux clairs montrant comment concilier carrière académique et famille.
Beaucoup de choses sont déjà pratiquées : Des horaires de travail flexibles, des heures de réunion compatibles avec la vie de famille et surtout des possibilités de garde d'enfants adaptées aux charges de travail des scientifiques.
Outre la planification familiale, il existe d'autres raisons pour lesquelles nous perdons de nombreuses jeunes femmes. Parmi celles-ci, on peut citer le fait que les femmes per?oivent les incertitudes liées à un emploi dans le domaine scientifique comme peu attrayantes - notamment parce qu'elles n'ont pas d'idées concrètes sur les prochaines étapes possibles de leur carrière académique personnelle.
Souvent, les chercheuses ne se voient pas offrir de perspectives de carrière tangibles. C'est pourquoi nous proposons un cours spécifique sur la planification de carrière et discutons également des questions y relatives de manière individuelle dans nos groupes de coaching.

"Dans nos cours, les femmes peuvent apprendre à se présenter avec plus de succès".Renate Schubert, déléguée à l'égalité des sexes du président de l'ETH Zurich

Cinq nouveaux Coaching groups débuteront à nouveau au printemps. Qu'est-ce qui attend les participantes ?
Nous offrons aux jeunes femmes scientifiques l'opportunité de formuler et de discuter de leurs objectifs scientifiques et de leurs problématiques individuelles sur une période pouvant aller jusqu'à six mois, en petits groupes de huit personnes maximum et sous la direction de coachs expérimentés.
De cette manière, elles peuvent aborder leurs défis personnels avec plus de force. Comme les participantes rencontrent souvent des difficultés similaires ou ont fait des expériences semblables, il est intéressant de chercher ensemble des solutions dans le cadre d'un échange mutuel. Selon les besoins, il est également possible de réserver des séances individuelles avec les coachs qui encadrent.

Qu'est-ce qui distingue "Fix the leaky pipeline !" des autres programmes de promotion des femmes à l'ETH Zurich ?
Notre programme est ouvert à la relève féminine de l'ensemble du Domaine des EPF. Il doit permettre aux futures chercheuses d'apprendre à se conna?tre au-delà des différentes institutions et de mieux se mettre en réseau au sein de la communauté des EPF.

Quels sont les objectifs de l'ETH Zurich en ce qui concerne la proportion de professeures ?
Dès 2008, nous nous étions fixé pour objectif d'atteindre une proportion de 10 % de femmes parmi les chaires d'ici 2015. Si l'on tient compte des professeures assistantes, nous avions déjà atteint cet objectif en 2011. Mais si l'on ne considère que les chaires ordinaires et extraordinaires, nous sommes actuellement à peine à 9%. Il y a donc encore du travail à faire.
Concrètement, il s'agit par exemple d'améliorer le processus d'encadrement au niveau des professeures assistantes et de renforcer la recherche active d'excellentes professeures. En outre, la sensibilité à l'importance des stéréotypes liés au sexe lors de l'évaluation des dossiers de candidature doit être accrue à l'échelle de l'ETH.
Ces points, ainsi que de nombreuses autres mesures, seront d'ailleurs résumés dans un "Gender Action Plan" pour l'ETH Zurich, qui sera probablement adopté par la direction de l'école dans les prochaines semaines.

"Fix the leaky pipeline !"

Au mercredi 5 février 2014 aura lieu de 11 h à 12 h 30 au pavillon des anciens élèves (GEP). Séance d'informationsur "Fix the leaky pipeline !" a eu lieu.

Le programme d'encouragement "Fix the leaky pipeline !" soutient les jeunes femmes scientifiques de la relève sur le marché du travail académique. Plus d'informations sur les offres de cours 2014/15 et les nouveaux coaching groups sous : page externewww.fix-the-leaky-pipeline.ch.

Renate Schubert est professeure d'économie nationale au Département au Département des sciences humaines, sociales et politiques et depuis 2008. Délégués à l'égalité des sexes du président de l'ETH Zurich.

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